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JEANDIDIER Alienor

To buzz or not to buzz? ?tude cognitive d’emprunts populaires récents (buzzwords) à l’anglais en fran?ais

Publié le 11 juin 2025 Mis à jour le 11 juin 2025

Thèse en Langue, soutenue le 20/09/2024.

Cette thèse propose d’explorer un phénomène linguistique rarement étudié : les buzzwords. Qu’est-ce qu’un buzzword ? Littéralement ? mot qui bourdonne ?, ? mot de buzz ?, un buzzword est un mot qui conna?t une utilisation soudaine et massive à un moment donné. Ce travail consiste plus précisément à étudier des buzzwords d’origine anglaise en fran?ais contemporain – autrement dit, des emprunts populaires récents à l’anglais, susceptibles de rencontrer du succès. En raison de leur statut d’emprunts à l’anglais, les buzzwords d’origine anglaise peuvent théoriquement s’inscrire dans le cadre de la néologie, de l’emprunt et des anglicismes. Notre thèse fait également appel au buzz, phénomène médiatique venant du marketing qui actionne les leviers de la sensation et de l’affect dans le but de faire grand bruit auprès d’un large public. Lier les buzzwords au buzz marketing nous permettra de rendre opératoire la notion de buzzword, en supposant à cet égard un potentiel de variation sémasiologique, doublé d’une propension à actionner des mécanismes propres à provoquer un buzz en discours. Par ailleurs, le sujet des buzzwords d’origine anglaise interpelle : pourquoi les utiliser ? Afin de comprendre pourquoi des buzzwords d’origine anglaise sont utilisés, la présente étude s’attache à expliquer comment ils le sont. Il s’agit de se pencher sur la question de l’association forme-sens représentée ici par des anglicismes qui semblent se démarquer. Pour ce faire, nous employons le modèle basé sur l’usage en linguistique cognitive, à travers l’application de l’approche du profil comportemental. Cette perspective implique que l’association forme-sens d’un signe linguistique est un résultat composite et complexe généré dans des situations de communication toujours nouvelles, desquelles émergent les structures linguistiques. La structure sémasiologique d’un mot est ainsi conditionnée par divers facteurs. La méthode choisie permet d’allier quantification et sémantique, en adoptant une démarche ascendante à partir des analyses directement effectuées sur les occurrences en contexte. Il convient ensuite de faire émerger des patterns d’usage au moyen de statistiques exploratoires. Deux corpus du Web 2.0 s’étendant de 2004 à 2019 (CanalBlog et French Web 2017) ont été sélectionnés pour recueillir et analyser les occurrences de cinq items d’origine anglaise : les lexèmes fake, spoil, washing, et les morphèmes lexicaux liés e et ing. Les résultats montrent que certains usages de ces emprunts à l’anglais tendent vers le buzz, en actionnant les leviers de l’hyperbole, de la valence (positive ou négative) et du scandale. Ceci concerne notamment fake, washing et ing. Cependant, d’autres usages au sein d’une même forme sont plus neutres, voire tendent davantage vers la technicité. C’est le cas de e , lequel va se retrouver fréquemment associé à des usages d’ordre utilitaire. Certains usages sont cantonnés à des domaines de discours spécifiques : spoil, exclusivement utilisé dans le champ du divertissement, ce qui limite potentiellement sa variation sémasiologique. En somme, le statut de buzzword est flou et mobile, caractérisé par certains usages faisant régulièrement appel à des mécanismes discursifs particulièrement expressifs. Appliqué à des emprunts à l’anglais, un tel statut pourrait expliquer pourquoi recourir à ce type de mots en discours. En effet, c’est la fa?on dont ces anglicismes sont utilisés qui leur confère une charge sémantique plus expressive. Un mot, et a fortiori un emprunt à l’anglais, n’est donc pas un buzzword en soi : il s’agit plut?t d’une configuration d’usages qui fait le buzzword.

Mots-clés : Anglicismes ; Association forme-sens ; Buzz ; Buzzwords d’origine anglaise ; Emprunts ; Linguistique cognitive ; Néologie ; Profil comportemental ; Sémantique ; Variation sémasiologique ; Usage

This thesis investigates a rarely explored linguistic phenomenon: buzzwords, which are words used suddenly and frequently at a given time. More specifically, this work aims to study buzzwords of English origin in contemporary French – in other words, recent popular loanwords from English that are likely to meet with success. Given their English origin, these buzzwords may theoretically fall within the scope of neology, borrowing and anglicisms. Additionally, our thesis relies on buzz, a media phenomenon originating in marketing which uses the levers of sensation and affect to make a splash with a wide audience. Linking buzzwords to buzz marketing will allow us to operationalize the notion of buzzword, assuming in this respect a potential for semasiological variation, coupled with a tendency to activate mechanisms capable of generating buzz in discourse. The subject of buzzwords also raises questions: why use them? In order to understand why buzzwords of English origin are used, the present study sets out to explain how they are used. The aim is to examine the question of the form-meaning association represented here by anglicisms that seem to stand out from the rest. To do that, we use the Usage-Based Model in Cognitive Linguistics, through the application of the Behavioural Profile Approach. This perspective posits that the form-meaning association of a linguistic sign is a composite and complex result generated in ever new communication situations from which linguistic structures emerge. The semasiological structure of a word is thus conditioned by multidimensionality. This method permits to combine quantification and semantics, by adopting a bottom-up approach based on analyses directly carried out on contextualized occurrences. The next step is to identify usage patterns using exploratory statistics. Two Web 2.0 corpora spanning from 2004 to 2019 (CanalBlog and French Web 2017) have been selected to collect and analyze the occurrences of five items of English origin: the lexemes fake, spoil, and washing; and the bound lexical morphemes e and ing. The results show that some uses tend towards “buzzwordness”, by activating the mechanisms of hyperbole, valence (positive or negative), and scandal. This is especially the case with fake, washing, and ing. However, other uses within the same form can be more neutral, or even tend towards technicity. For instance, e is frequently associated with utility uses. Some uses are restricted to specific topics of discourse, such as spoil which is exclusively used in entertainment – hence potentially limiting its semasiological variation. Overall, the buzzword status is fluctuating, as it is characterized by usages regularly using particularly expressive discourse mechanisms. When applied to English loanwords, such a status could explain why resort to this type of words. Indeed, the way these anglicisms are used gives them a more expressive semantic load. A word, and a fortiori a borrowing from English, is therefore not a buzzword per se: it is rather a configuration of uses that makes the buzzword.

Keywords: Anglicisms ; Behavioural profile ; Borrowings ; Buzz ; Buzzwords of English origin ; Cognitive Linguistics ; Form-meaning association ; Neology ; Semantics ; Semasiological variation ; Usage


Directeur de thèse : Denis JAMET

Membres du jury :

  • M. JAMET Denis, Directeur de thèse, Professeur des universités, Université Jean Moulin Lyon 3,
  • M. GLYNN Dylan, Co-directeur de thèse, Professeur des universités, Université Paris 8, Saint-Denis,
  • Mme GARDELLE Laure, Rapporteure, Professeure des universités, Université Grenoble Alpes, Saint-Martin-d'Hères,
  • Mme STEUCKARDT Agnès, Rapporteure, Professeure des universités, Université Paul-Valéry Montpellier 3,
  • M. RENNER Vincent, Professeur des universités, Université Lumière Lyon 2,
  • Mme ROSSI Caroline, Professeure des universités, Université Grenoble Alpes, Saint-Martin-d'Hères.


Présidente du jury : Caroline ROSSI