Eric Voegelin. Symboles du politique

Voegelin s'oppose ¨¤ toutes les formes de mutilation, de r¨¦duction ou de d¨¦formation de cette exp¨¦rience existentielle de l'homme. Il s'oppose ainsi ¨¤ la ? th¨¦orie pure du droit ? de son ancien ma?tre Hans Kelsen, lui reprochant de constituer les normes juridiques en un syst¨¨me clos et auto-fond¨¦, coup¨¦ de l'ordre de l'existence. Il s'oppose surtout ¨¤ la d¨¦rive totalitaire des soci¨¦t¨¦s modernes, en caract¨¦risant les totalitarismes comme des religions intra-mondaines, qui ont confisqu¨¦ pour elles-m¨ºmes la dimension existentielle du sacr¨¦. De cette perversion spirituelle, Voegelin a tent¨¦ de fournir une ¨¦tiologie, dans une philosophie de l'histoire qui s'¨¦carte des sch¨¦mas traditionnels de la s¨¦cularisation. Il r¨¦interpr¨¨te ainsi la cat¨¦gorie, d¨¦j¨¤ pr¨¦sente chez Jacob Taubes et Karl L?with, de gnosticisme, qui d¨¦signe chez lui un acte de r¨¦volte de l'ego contre l'exp¨¦rience du sacr¨¦, conduisant ¨¤ la recherche d'un accomplissement de la tension de l'existence ¨¤ l'int¨¦rieur de l'histoire.

Ce processus destructeur de la modernit¨¦ n'est cependant pas une fatalit¨¦. Les institutions am¨¦ricaines, en particulier, attestent, par leur attachement ¨¤ la division des pouvoirs et ¨¤ la tol¨¦rance religieuse, une conception ? finitiste ? de la souverainet¨¦ politique. Ce que Voegelin d¨¦fend est ainsi la finitude d'un politique qui fait une place ¨¤ l'inqui¨¦tude fondamentale de l'homme devant la possibilit¨¦ d'un au-del¨¤ de l'humain.