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BLAGA Andrea Maria

Emil Cioran entre poésie et lucidité. Analyse de la traduction fran?aise des ?uvres roumaines de jeunesse

Publié le 27 mai 2015 Mis à jour le 20 décembre 2018

Thèse en Littérature comparée soutenue le 15 mai 2015 en cotutelle avec l'Université Babes-Bolyai (Roumanie)

Le présent travail portant sur la traduction fran?aise des ?uvres roumaines d’Emil Cioran cherche à réévaluer ou à nuancer certains préjugés liés à l’écrivain ainsi qu’à la traduction littéraire. Nous entendons dépasser les généralisations réductrices, positives ou négatives, du genre : Emil Cioran, ? le plus grand stylisticien du XXe siècle ?, Emil Cioran, l’aphoristicien ou bien le ? mélanomane ? et le nihiliste, en analysant ponctuellement l’écriture cioranienne, notamment celle de jeunesse. Quant à la traduction, nous sommes encline à penser qu’il n’existe pas de ? recette ? prédéfinie applicable à chaque texte. Les traductions très différentes que nous analysons montrent que nous ne pouvons simplement pas choisir une théorie ou l’autre de la traduction et l’appliquer sans discernement et qu’en plus, ces théories, comme par exemple celle de la traduction cibliste et sourcière, de la forme ou du sens, prouvent désormais leur caractère historique. Loin de penser que la théorie et la pratique de la traduction sont deux choses séparées, nous entendons prouver que ce va-et-vient constant que nous réalisons entre théorie et pratique peut s’avérer très fructueux.
L’objectif qui se dessine ainsi est double. D’une part, nous nous proposons de faire une analyse stylistique des ?uvres de jeunesse d’Emil Cioran et de mettre en exergue les mutations qu’a subies l’écriture cioranienne de la période roumaine à la période fran?aise. Nous entendons montrer concrètement en quoi l’écriture a changé et comment cette analyse peut nous aider à mieux saisir l’?uvre de Cioran dans toute sa complexité et son glissement permanent. D’autre part, nous entendons faire une analyse de la traduction fran?aise des ?uvres roumaines d’Emil Cioran. Cela nous donne également l’occasion d’étudier les différents facteurs influen?ant une traduction en accord avec une opinion, largement répandue depuis Henri Meschonnic, de l’historicité de toute traduction.
Les deux objectifs sont clairement visibles à tous les niveaux de l’organisation du travail, dans la structure générale, ainsi qu’au niveau de chaque paragraphe analysé. Toute citation de Cioran est d’abord analysée du point de vue stylistique et toute de suite après du point de vue de la qualité de la traduction. Au niveau macroscopique, le travail est organisé en trois grandes parties. La première, ? Figures typiques dans l’?uvre roumaine d’Emil Cioran ?, constitue une analyse des figures du discours récurrentes dans la première étape d’écriture cioranienne et de leur traduction. Ainsi allons-nous observer que la répétition joue un r?le déterminant dans la période roumaine et que la plupart des autres figures sont également sous-tendues par une forme ou autre de répétition : la paraphrase, la reformulation, la métabole, la gradation et ainsi de suite.
Dans la deuxième partie, ? Les images cioraniennes ?, nous nous intéressons à des unités de discours plus grandes, à savoir les images. Nous avan?ons non seulement vers l’analyse des passages plus amples, mais également vers des théories plus complexes du langage et du texte poétique. Nous dédions trois chapitres séparés à trois concepts clés pour notre analyse : l’ ? image de la pensée ?, l’ekphrasis et la lamentation.
La troisième partie, ? Des images cioraniennes à l’image roumaine de Cioran ?, fonctionne comme une synthèse rassemblant et développant les conclusions des analyses précédentes. Nous comparons cette fois-ci l’écriture des livres roumains et fran?ais et nous soulignons la transformation qu’elle subit non seulement de l’?uvre de jeunesse à celle de maturité, mais également d’un livre à l’autre.
Loin de le situer définitivement dans la catégorie de grand ? aphoristicien ? (? un La Rochefoucauld du XXe siècle ? ? plus fran?ais que les Fran?ais ? selon Pascale Casanova) ou dans celle opposée des nihilistes, cette étude s’est proposé de montrer un Cioran en quête permanente de nouvelles s